Tentatives d'analyses du tumulte du monde. Quand les humains dépassent les bornes il n'y a plus de limites à la démesure...
"fingebant, simul credebantque." Tacite [ils se racontaient des histoires, et aussitôt ils y croyaient.]
22/08/2025
La chute du mur de Berlin en 1989 et la fin de la Guerre froide qui a suivi avec l'effondrement de l'URSS en 1991 ont donné lieu à un immense espoir pour l'humanité. Tandis que Fukuyama publiait son livre « La fin de l'histoire et le Dernier Homme » (en anglais dans la version originale « The End of History and the Last Man » en 1992), beaucoup espéraient pouvoir penser avec lui que la démocratie et le libéralisme l'avaient emporté. Si l'illusion a pu durer quelques années, avec l'instauration d'un nouvel ordre mondial sous le contrôle du « gendarme du monde » (les Etats-Unis d'Amérique, alors unique « Hyperpuissance » à la manœuvre), on ne peut que constater en 2025 que c'est la guerre qui s'est finalement imposée à toutes les échelles et dans toutes les dimensions en ce premier quart du siècle. L'auteur savait bien que la fin du bloc de l'Est ne signifiait pas la disparition des conflits, mais il affirmait que le temps était venu pour le triomphe absolu de la démocratie libérale. La guerre s'est imposée comme la grande gagnante depuis les années 2000 et la démocratie n'a jamais été autant menacée depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale comme on peut l'observer sur la plus grande partie de la planète avec l'émergence d'un nouveau fascisme de plus en plus menaçant et puissant.
Il n'est pas question, ici, d'expliquer toutes les guerres qui se sont déroulées depuis 25 ans. On se limitera à proposer quelques repères et à évoquer quelques pistes de réflexion pour montrer à quel point la guerre peut être qualifiée de « Grande gagnante de ce premier quart de siècle », et donc souligner l'importance du travail de destruction de l'ordre mondial qu'avaient tenté de mettre en place les vainqueurs de 1945. La démocratie vacille, les empires, le populisme et le nouveau fascisme s'imposent.
Quelle rupture ?
Pas évident de choisir une date pour la rupture. Mais on peut proposer, parmi d'autres, la date du 12 septembre 2002. c'est le jour où l'administration Bush présentait de fausses preuves d'armes de destructions massives pour justifier une intervention des États-Unis et de leurs alliés en Irak. Un des cinq membres permanents du conseil de sécurité de l'ONU utilisait le mensonge pour essayer de justifier une agression d'un pays tiers. Évidemment il ne s'agit pas ici d'essayer de défendre ou de justifier le régime sanguinaire de Saddam Hussein. On retiendra simplement que les institutions de l'ONU ont été humiliées et bafouées.
Quelle évolution ?
Depuis la fin de la guerre froide les guerres sont plus nombreuses : 86 au moment de la chute du mur de Berlin, 184 en 2024. Elles sont aussi plus longues, quatre fois plus longues. Elles ne sont pas toujours interétatiques : de nombreux États peinent à contrer les agressions de gangs contre les populations, voire sont totalement défaillants.
Elles sont aussi de plus en plus impunies : la Russie en est un des meilleurs exemples : en tant que membre permanent du Conseil de sécurité de l'ONU elle peut utiliser son droit de veto contre toute tentative de sanction de ses guerres d'agression.
On peut ajouter qu'elles sont facilement financées par le crime organisé : les cyberactivités et les cryptomonnaies sont derrière de nombreux conflits actuels.
De plus, la crise climatique qui provoque de nombreux déplacement de populations augmente également la fréquence des conflits...
On peut ajouter qu'avec l'IA les guerres évoluent de plus en plus vite. On peut s'interroger sur le rôle de l'infanterie dans la guerre technologique. On ne peut également que vérifier – ce qui n'est pas nouveau - que les populations civiles (à Gaza par exemple) sont de plus en plus visées par ces nouvelles techniques de guerre.
Et pour finir cette esquisse de ce noir tableau, on notera que les dépenses militaires explosent dans la majorité des États.
Plus nombreuses, plus longues, plus technologiques, plus financées, moins interétatiques, moins punies... les guerres sont gagnantes en ce début de siècle et l'IA les aide. Elles sont de plus en plus un instrument entre les mains des nouveaux fascismes et du retour des Empires en Occident comme dans le "Sud global".
Jean-Marc