Par quelles ruses essayer d'échapper au stress provoqué par l'Hubris ?
"Toute résistance commence par la connaissance."
24/08/2025
Comprendre le monde pour s'en libérer.
La démarche que propose Spinoza est radicale. Pour devenir libre, il faut commencer par comprendre la nécessité des choses. "Tout ce qui est, est nécessairement." Dans l’Éthique, il explique que dans le monde tout est gouverné par des lois naturelles. Nos joies et nos peines, nos passions et nos actions, ne sont pas le résultat du hasard ou de la malveillance de quiconque mais résultent de chaînes de causes et d'effets. En prenant conscience que nos émotions (nos affects) et nos réactions sont déterminées par des lois naturelles on peut commencer à se libérer de leur emprise.
Dans un monde où les algorithmes, les réseaux sociaux et l'actualité en continu cherchent à nous influencer en permanence, à produire nos émotions et nos décisions, la philosophie de Spinoza est un moyen radical de se libérer. Elle nous invite à nous éloigner des réactions instinctives pour mettre en avant la raison et l'entendement. On peut même parler d'une religion de la raison. En comprenant les mécanismes qui nous affectent, on peut cesser d'être de simples jouets de nos passions pour devenir des agents plus conscients de notre propre vie.
Cultiver la joie et la puissance d'agir.
Pour Spinoza, comme pour tous les philosophes, le but de la philosophie et de nous aider à vivre mieux. Le moyen qu'il propose pour y parvenir est de cultiver la joie. Mais nous sommes très loin du rayon des ouvrages de "développement personnel" à trois sous... La joie dont il est question découle de l'accroissement de notre puissance d'agir, de notre capacité à comprendre et à persévérer dans notre être. La tristesse est une diminution de cette puissance. On peut donc voir que le chemin est difficile. Spinoza le reconnait lui-même : "Et il faut bien que ce soit difficile, ce qu'on trouve si rarement." Scolie de la proposition XLII de la partie V de l’Éthique.
Aujourd'hui, peur et colère sont souvent instrumentalisées. Mais pour Spinoza le chemin vers le bonheur (le salut) passe par l'affirmation de soi et le développement de nos capacités. Augmenter notre "puissance d'agir" c'est agir de manière éclairée, construire des relations saines et rechercher la connaissance... C'est le remède contre le sentiment d'impuissance face aux grands défis de notre temps.
L'amour intellectuel de Dieu et la paix de l'esprit
Nous sommes ici face à l'un des concepts les plus profonds et l'un des plus difficiles de la philosophie de Spinoza. "Dieu" pour Spinoza, n'est pas un être personnel. C'est la nature elle-même, la totalité des choses, y compris nous-même. Donc, aimer "Dieu", c'est comprendre et accepter l'ordre du monde tel qu'il est, les lois, sa nécessité. Rien à voir avec de la résignation, c'est un état de sérénité qui nous permet de voir les choses "sous l'angle de l'éternité" (sub specie aeteritatis) - attention : rien à voir avec l'immortalité.
Cette façon de voir les choses, en ces temps troublés de changements rapides et de crises climatique, de la biodiversité, politiques, sociales peut nous apporter une paix profonde.
Lire Spinoza en 2025, comme toujours, est un moyen de se libérer des passions qui nous réduisent en esclavage, pour cultiver la joie en augmentant notre puissance d'agir, et pour trouver la paix intérieure (le salut). Ce qui n'enlève rien à notre capacité à nous indigner. Bref, c'est un véritable manuel de savoir vivre...
Bonne lecture
Jean-Marc